Manager, cela s’apprend en pratiquant
Tous ceux qui exercent des responsabilités dans le cadre d’une entreprise, auprès d’une équipe donnée, savent bien que la prise d’un nouveau poste ne va pas de soi. Manager une nouvelle équipe, quelle que soit son expérience - modeste ou grande - n’est jamais facile. Il y a toujours une phase plus ou moins longue d’apprentissage, de prise de connaissance des membres de l’équipe, de la situation, des missions propres.
Devenir le bon manager d’une équipe nécessite de prendre son temps, d’apprendre pas à pas, d’être sur le terrain chaque jour, pour accompagner chaque personne et l’ensemble de l’équipe, les faire progresser.
Devenir un bon chef ne s’improvise pas. Il ne suffit pas d’avoir été nommé ou de bénéficier d’une expérience réussie pour qu’un manager parvienne à diriger avec humanité et efficacité la nouvelle équipe qui lui a été confiée.
C’est au quotidien, en pratiquant chaque jour les actes du management, en écoutant les collaborateurs, en découvrant le contexte particulier de cette équipe, que le manager prendra toute sa place.
Négliger cette phase d’apprentissage au moment de la prise en main d’une nouvelle équipe risque de générer de nombreuses frustrations. D’abord dans l’équipe qui ne se sentira pas forcément bien comprise par son nouveau chef, et ensuite chez le manager qui constatera au fil du temps que sa prise de décision manque de pertinence, et que son équipe y adhère du bout des lèvres.
Pourquoi parler de vertu ?
Il peut sembler étrange de parler de « vertu du manager ».
Le terme vertu renvoie facilement à une dimension morale de bien et de mal. Mais son sens est plus vaste, il recouvre l’intégralité de l’action. Une vertu, mot qui vient du latin vir, la force, est habituellement définie comme une bonne habitude de l’homme, acquise progressivement par l’expérimentation, la répétition, l’apprentissage, et qui rend l’action humaine naturellement adaptée, simple, et même joyeuse.
C’est le mécanisme même de toute activité humaine qui est ici décrit ; l’apprentissage du vélo pour un enfant est souvent délicat : cela ne va pas sans chute, découragement, tentation de renoncement. Mais à force de persévérance et d’expérimentation, de mise au point du geste et de travail de l’équilibre, ce qui était difficile et ardu devient facile et plaisant : savoir faire du vélo ne s’oublie pas, cette acquisition est définitive.
Et il en va de même pour tous les apprentissages : la lecture, l’écriture..., et le management !
Rares sont les managers qui n’ont pas tremblé au moment de leur première réunion d’équipe, du premier recadrage d’un collaborateur, du premier entretien annuel d’évaluation, du premier conflit social ou entre personnes dans l’équipe. Les premiers jours, semaines, ou mois d’exercice du management d’une équipe sont une succession de tâtonnements, d’expériences, jusqu’à ce que progressivement de bonnes habitudes soient mises en place. Ainsi, spontanément et sans trop réfléchir, les bonnes attitudes ou les bonnes paroles permettent à chaque collaborateur comme à l’ensemble de l’équipe de résoudre une difficulté et de progresser.
Alors les paroles font mouche, les remarques sont pertinentes, les décisions sont suivies d’effet, les collaborateurs parviennent à une efficacité renouvelée.
On parle alors de la vertu du manager : il s’agit d’un ensemble de bonnes habitudes qui sont devenues progressivement comme une seconde nature, et qui rendent l’exercice de son autorité simple, efficace, ajusté, et spontané, en apprenant des difficultés et des erreurs de jugement.
Il est d’ailleurs étonnant de constater que les meilleurs managers ne sont pas ceux qui ont essayé d’appliquer les théories apprises lors de leur formation. Ce sont ceux qui ont d’abord écouté leur intuition profonde, qui se sont adaptés à la réalité en la prenant en compte au quotidien. Les éclairages extérieurs leur ont permis de mieux comprendre la réalité de leur équipe sans étouffer leur créativité.
C.E.E.
François-Joseph VELLA