En quoi le fait de discerner pour décider et agir est-il si important pour un manager ?
On attend principalement du chef d’avoir la capacité de prendre de bonnes décisions pour que chaque personne dans l’équipe, et plus largement dans l’entreprise, puisse être placée dans de bonnes conditions pour assumer et exercer ses responsabilités. Le rôle du chef est principalement de favoriser des conditions de coopération et de confiance mutuelle, afin que chacun se sente soutenu et accompagné dans sa mission.
Le but final de l’entreprise est de satisfaire durablement le client en prenant en compte un juste équilibre entre l’accompagnement et le bien-être des collaborateurs, la qualité de la prestation fournie au client, et un juste profit pour assurer la pérennité de l’entreprise. C’est le C3PE (Client - Personnel - Prestation - Profit - Environnement), représenté par un tabouret (avec ses trois pieds) ou une boussole (indiquant l’orientation principale).
Mais pour garantir ce juste équilibre, le manager est appelé à prendre au quotidien un certain nombre de décisions, souvent dans l’urgence, ou en réaction à un environnement défavorable et compliqué : concurrence, problématique de qualité et de production, parfois obsolescence de lignes de production en raison de leur vétusté. Les décisions du responsable impactent ponctuellement ou plus durablement de nombreuses personnes : ses collaborateurs et leurs familles, l’équipe en tant que telle, les clients, ses propres chefs.
On attend du manager qu’il soit réactif et rapide dans la prise de décision et la conduite de l’action, en particulier en soutenant chacun de ses collaborateurs. Si certaines décisions peuvent être reconsidérées à l’usage, d’autres peuvent engager durablement et lourdement un certain nombre de ressources à la fois financières, humaines et matérielles.
On attend du chef une capacité à prendre des décisions réfléchies, raisonnables, et en même temps ambitieuses.
C’est pour cela que la qualité principale du chef, sa vertu principale, est la capacité à discerner ce qu’il convient de faire et les ressources à mettre en œuvre et à déployer afin d’atteindre l’objectif fixé. L’essentiel de sa mission repose sur cette vertu du discernement, non pas théorique ou intellectuelle, mais pratique en vue d’accompagner l’action de ses collaborateurs en leur fixant un cap et en leur donnant les moyens nécessaires à l’accomplissement de leur mission.
Le mot chef vient d’ailleurs du latin « caput », la tête : il est à la fois le premier, la tête de la colonne, et celui qui prend encore plus le temps de regarder, d’entendre, de réfléchir avant de parler pour diriger l’équipe vers l’action… Aucun des actes de management ne peut se passer de cette vertu du discernement pour décider et agir. C’est la première qualité de chaque manager, c’est ce qui lui permet de sécuriser et pérenniser le travail de son équipe.
Son objectif est de prévoir le mieux possible l’avenir à partir de l’analyse du présent et de l’observation des réussites ou des échecs passés. La mise en place des éléments qui garantissent l’avenir de l’équipe est l’objet même du management. Se contenter de gérer la situation présente empêche souvent de discerner ce que l’on doit réellement faire ici et maintenant. Le management se réduit alors à une série de décisions prises dans l’urgence pour gérer une situation héritée d’un passé ou d’un passif que l’on ne maîtrise pas.
C.E.E.
François-Joseph VELLA